Plantation et culture de pomme de terre

Quelques bases pour une bonne production de pomme de terre

DENSITE DE PLANTATION

Le choix de la densité de plantation doit être fait en fonction du nombre de tiges/hectare souhaité, cela dépend:

  • du calibre et de l’état physiologique du plant (nombre de germes moyen par plant)
  • du nombre de plants/hectare

Bonnes terres / humidité: un peuplement de 180000 à 220000 tiges/hectare doit être atteint.

Terres peu profondes / plus sèches: un peuplement de 150000 à 180000 tiges/hectare est suffisant (ou si l’on désire une plus grande proportion de gros tubercules).

Pomme de terre de consommation: dans la pratique, les quantités théoriques oscilleront de 1000 à 1200 kg pour du petit plant (28/35) et 1800 à 2200 kg pour du plant moyen (35/45).

Pomme de terre chair ferme: les quantités devront tenir compte des objectifs recherchés (calibre), peuplement à l’hectare plus important qu’en consommation en fonction de la tubérisation moyenne de la variété, sachant que le coût de la semence est souvent un élément déterminant. L’écartement des rangs est le plus souvent de 75 cm. Cependant, depuis quelques années, on tend à pratiquer des écartements de 80 cm et même jusqu’à 90 cm.

La place de la rotation

La pomme de terre présente une très grande souplesse; derrière les plantes sarclées (betterave), mais aussi derrière les céréales ou prairies (attention aux taupins, vers blancs…). Des rotations de 4 ans minimum sont recommandées mais parfois préférable tous les 5 ou 6 ans pour éviter le développement de nématodes, de maladies (rhizoctone, gale…), contaminations diverses à partir de la multiplication de repousses. Par conséquent, des rotations trop courtes peuvent engendrer des baisses de rendement.

  • Retour pomme de terre
  • Rendement
  • Tous les 6 ans
  • 100 %
  • Tous les 4 ans
  • 93 %
  • Tous les 3 ans
  • 85 %

CHOIX DE LA PARCELLE et préparation du sol

Il faut réserver à la pomme de terre des parcelles qui drainent bien; les terres riches en matière organiques lui sont favorables. Préférez celles qui ont reçu des apports réguliers de fumier dans la rotation et raisonnez le choix de votre sol en fonction du risque de taupins et d’apparition de gale commune.

OBJECTIFEVITERPERMETTRE
Préparation dans de bonnes conditions (minimum de passages)– tassement
– zones compactes et mottes
– bonne pénétration des racines
Structure bien aérée– bonne levée (limiter le rhizoctone)
– développement de la plante
– grossissement et régularité des tubercules
– bonne circulation de l’eau
Couche de terre ameublie– couche de terre facilement tamisable à la récolte
– création d’une bonne butte
Terre sans rocs, cailloux, ni mottes– endommagement récolte

– récolte mécanique
– mettre les pierres et les mottes entre les buttes au moment de la plantation
Sol suffisamment ressuyé au moment du labour– tassement
– compactage zone sous-jacente
– reprise de labour
– passage d’outils sans difficulté pour une bonne plantation + buttage + désherbage
Labour hiver en sol 18-20 % d’argile – une fissuration en profondeur
Labour printemps sols instables– battance, dégradation structure– l’émiettement

A éviter

  • les terrains séchants
  • les terres argileuses et humides
  • les parcelles sales difficile à désherber
  • l’épandage de chaux avant la pomme de terre
  • les PH trop bas (< 5.8)

Reprise de labour

L’outil de reprise de labour doit permettre en un minimum de passages de créer une couche de terre meuble facilement tamisable à la récolte. En général plus ou moins 8 cm de terre ameublie suffisent à la création d’une butte définitive. D’une manière générale, les cultivateurs à dents vibrantes sont les mieux adaptés. Dans les sols plus argileux et au taux d’humidité plus élevé les outils à prise de force (herse rotative, alternative) permettent un ameublissement plus énergique mais il faut prendre garde à un émiettement excessif et aux semelles. Les rotavators sont proscrits en dernier passages pour ne pas créer de semelles.

PLANTATION

date, profondeur et technique

La réussite de la plantation est liée aux conditions de préparation du sol et de température au moment de la mise en terre des tubercules de semence.

  • Date de plantation : NE PAS PLANTER TROP TOT !

Au printemps, il est préférable de différer de quelques jours, voire d’une semaine la date de plantation, plutôt que de vouloir planter dans une terre mal ressuyée et trop froide. Ceci sera d’autant plus facile que les plants auront au préalable été mis en clayettes.

  • Profondeur de plantation : NE PAS PLANTER TROP PROFOND !

La profondeur de plantation dépend du type de sol et de la profondeur d’ameublissement. La base du tubercule se situe environ 4 à 5 cm en dessous du niveau du sol initial car une hauteur minimale de 3 à 4 cm est nécessaire entre la position du tubercule mère et le fond de la zone de reprise. La couche de terre meuble sous le tubercule favorise le début d’enracinement et permet un réglage facile de la profondeur d’arrachage, car le soc peut rester juste au dessous de la zone non ameublie.

SITUATIONEFFET
Plantation trop profonde– Levée retardé
– Jeunes germes davantage exposés aux attaques de Rhizoctone
Plantation trop superficielle– Buttage plus difficile à réaliser
– Tubercules fils qui ont tendance à verdir
Terres sableuses– Tasser légèrement pour permettre la remontée capillaire
Condition sèche
(plantation pas trop tardive)
– Planter plus profond (1 à 2 cm)

EN PRIMEUR : planter peu profond pour assurer un démarrage plus rapide, certains producteurs pratiquent la plantation à plat.

  • Technique de plantation

Quelle que soit la planteuse utilisée, les tubercules de semence sont placés un à un dans la raie de plantation tracée à la surface du sol par le soc de la planteuse et recouverts par un léger buttage. Si le buttage définitif est effectuée dès la plantation, les plants sont placés à 15 cm du sommet de la butte ; par contre, si des buttages progressifs sont effectués en cours de végétation, ils ne sont qu’à 10-12 cm. En principe, en sol froid et humide, les buttes doivent être petites ; en sol plus chaud et bien ressuyé, elles peuvent être plus volumineuses.

On distingue:

Les planteuses à alimentation manuelle : recommandée pour les plants germés à manipuler avec précaution. Elles nécessitent la présence d’une personne par élément de plantation.

Les planteuses automatiques : permettant un travail plus rapide et une économie de main d’œuvre (1 seule personne en général) pour une vitesse d’avancement de l’ordre de 8 Km/h.

  • à 2 RANGS
  • 0.5 ha/heure
  • à 4 RANGS
  • 1 à 1,3 ha/heure
  • à 6 RANGS
  • 2 ha/heure

BUTTAGE

Pour un bon buttage, il faut effectuer une reprise de labour sur 8 à 9 cm.

La butte recherchée aura pour dimensions:

  • Hauteur: 20 cm
  • Sommet de la butte: 15 cm de large environ
  • Largeur de la base: 50 cm
    variable suivant l’empattement des roues du tracteur

INTERETS: faciliter la récolte mécanique tout en favorisant le grossissement des tubercules dans une terre meuble, facile à reprendre par le soc de l’arracheuse. Les buttes doivent être assez volumineuses pour éviter aux tubercules nouvellement formés d’être exposés à la lumière et donc au verdissement. Le buttage est également un procédé de désherbage mécanique.

  • En terres légères: se réchauffant vite, le buttage définitif est possible dès la plantation à condition qu’il n’y ait pas trop de risque d’effritement par la suite.
  • En sol argileux et en général: il est préférable de butter en un ou deux passages après la plantation pour ne pas gêner une levée difficile qui pourrait être soumise aux attaques de Rhizoctone.

Au buttage, il faut éviter de recouvrir les jeunes pousses.

Le dernier buttage doit être effectué au plus tard lorsque les plantes ont atteint 20-25 cm de hauteur afin de ne pas ralentir leur croissance en sectionnant racine et stolons. Lorsque la butte est trop aplatie, les tubercules fils se développent près de la base non ameublie et risque d’être sectionnés par les socs de l’arracheuse.

Le buttage peut retarder la tubérisation, en primeur pour favoriser au maximum la précocité, un minimum de buttage est réalisé.

Majorité des casbuttoirs à disques ou à socspeu onéreux, faible coût d’entretien, réglages aisés
Terrains argileuxfraise buteusemeilleur émiettement de l’interligne, bien adapter vitesse d’avancement

Autre alternative : épierrage – alignage suivi d’une plantation sur buttes ou en billon :

L’objectif est de séparer pierres et mottes de la terre fine par tamisage avant la plantation, afin de diminuer la main d’œuvre au moment du triage à la récolte et surtout de diminuer les endommagements mécaniques. Cette nouvelle technique requiert des équipements spécifiques, des adaptations ou modifications dans les itinéraires actuellement employés en Auvergne Rhône-Alpes.